Après la première partie du chemin au mois de septembre
dernier, je m’étais dit que je continuerais vers St Jean Pied de Port…
Le beau mois de juin, ses journées à rallonge, son temps
clément, la nature en fleur et verdoyante ! Congés acceptés, une nouvelle
trot’ qui ne demande qu’à faire des bornes, les affaires dans le sac (pesé à
7kg sans eau ni bouffe, pour info) : zou, jeudi 9 juin, direction Figeac,
d’où je me suis arrêté l’an passé.
Après un rapide tour de la ville, je me mets en route. Le
chemin est annoncé comme très raide et impraticable pour les vélos à la sortie
de la ville, donc je choisi l’itinéraire direct pas la petite route, d’autant
plus qu’il est déjà 16h… J’ai préparé un road book sur les cartes de ce site (http://www.chemindecompostelle.com/) plus le récit d’un vttiste (http://vtt.compostelle.pagesperso-orange.fr/).
Sur le papier 480 km de prévus jusqu’à St Jean Pied de Port, plus une bonne
soixantaine que j’aimerais faire entre St jean et la mer, St Jean de Luz…
Il fait beau, la température est idéale ! Pause gouter
à Faycelles devant un beau panorama, puis Béduer et son château. Je suis bien
sur la route, qui longe le chemin, j’ai envie d’avancer. Arrivée à Carjac,
rencontre amusante avec des babas cools…
A la sortie, belle vue sur la vallée du Lot :
Aux alentours de Limogne, les causses sont magnifiques et me
promettent un beau bivouac. Le profil est moyennement vallonné et je me
régale ! A 20h, je me pose dans un petit bois juste avant Bach. 57km au
compteur… Le temps est menaçant et je met la bache : pour cette ballade,
j’ai opté pour le hamac (un modèle léger en filet), couplé à une bâche bricolé
sur une bâche de protection pour les travaux de peinture, le tout léger et peu
encombrant.
Nuit pourrie, comme souvent pour la première dehors :
le moindre bruit me réveille, et je n’ose pas mettre les bouchons dans les
oreilles… Au réveil, vers 7h30, un chevreuil me regarde, à quelques mètres,
longtemps, puis part en criant, longtemps… Il fait froid, et la pluie ne tarde
pas… Juste quelques gouttes, le temps de grignoter quelques (beaucoup !)
cerises sur le bord de la route, et ça s’intensifie… dur !
Vers Escamps, un agriculteur me dépasse, et s’arrête pour
discuter. Il m’indique que « le chemin historique ne montait pas à Cahors,
et que ce crochet, qui rajoute quelques dizaines de bornes, n’est effectif que
depuis dix ans, et n’a pour but que d’alimenter en argent les restos et
hebergements de la ville » . Je décide d’éviter la ville, la foule et
les voitures, et de prendre la variante de l’Hospitalet, par Lalbenque, pour
rejoindre directement Montcuq, qui m’attire, malgré l’humidité ambiante… Je me
perds un peu vers Fontanes…
Pause repas à l’Hospitalet, puis j’attaque l’après midi sur
les sentiers, très roulants, sous le soleil. Je double beaucoup de marcheurs sur
ce tronçon, pleins de conversations agréables, de beaux échanges.
L’entrée dans Montcuq est assez facile, ça descend, mais un
peu triste, ça se recouvre… Depuis quelques km, quelquechose me hante…( https://www.youtube.com/watch?v=iX9SPTSY1iU).
La sortie de Montcuq
est très humide : je me fait rincer pendant une heure, si bien qu’à
Montlauzin, je décide de me trouver un gîte. L’ancien presbytère, repris par
des anglais, magnifique. J’y arrive trempé jusqu’aux os, à 19h, après 75km dans
la journée. Le beau temps revient juste après mon arrivée… Une vue magnifique
depuis ma chambre, et le batiment est magnifiquement retapé. Cette journée
pluvieuse m’a bien crevé, je tombe de fatigue, en ours, sans trop profiter des
autres randonneurs présents, suisses, canadiens et français.
Départ à 7h le troisième jour, samedi. Je reste une fois
encore sur la route, craignant la boue sur les chemins : j’ai commis une
petite erreur en mettant un pneu lisse devant. C’est le top sur la route, mais
sur les chemins ça glisse trop, et j’ai déjà évité trop de gamelles, c’est
épuisant et énervant, puis finir par une chute grave, ça m’embêterait.
Belle descente vers Lauzerte, village sur une butte,
magnifique, où je prends mon petit déjeuner et traine un moment.
Après le profil se fait plus doux, pour quelques temps
seulement. De belles routes avec des platanes ! J’arrive à Moissac en fin
de matinée, pour le marché. Il y a trop de monde pour moi !
Je m’écarte du chemin pour voir le pont canal du canal de la
Garonne, manger le long du canal et siester un peu…
Puis le chemin suit la vélovoie d’entre deux mers, le long
du canal de Golfech. Un moment on emprunte les coteaux pour dominer la Garonne,
depuis des vergers, c’est très beau. Pas fâché cependant de quitter ensuite la
vélovoie car c’est monotone à la longue.
Après une bonne montée, arrivée au très beau village de Auvillar.
Beau panorama, belles ruelles, belles places.
J’y fait une halte gouter, à l’heure où les marcheurs, eux,
terminent leurs journées. En effet, souvent, après 25km, partis de bons matins,
vers 15-16h, ils sont arrivés, puis sont assez dépendants des réservations en
gîte. Dommage, car la fin de journée est de loin le moment que je préfère pour
avancer. Je continue sur la route puisque le chemin la longe, moins roulant,
puis j’aime profiter du paysage sans technique à gérer, parfois, tranquille. Le
temps est parfait, soleil et température parfaite !
Suivent des petits villages, beaucoup de pierre, les côtes
se grimpent, c’est le pied !
Très peu de foret et de bois dans ce coin, et je suis embêté
pour trouver mon lieu de bivouac. Je ne trouve qu’à 20h30, après 91km dans la
journée. Un petit bois presque inaccessible derrière un dépôt de gravat, avant
un ruisseau : je m’y sens en sécurité et dort bien. Je suis réveillé à 8h
par les écureuils, dont un curieux qui m’observe de tout près, à moins d’un
mètre. Je traine jusqu’à 9h30…
C’est de nouveau bien vallonné, et le soleil donne. J’ai du
mal, les jambes brûlent dès que ça monte, et la chaleur et le soleil me gênent.
Je passe Lectoure en fin de matinée.
Les longues lignes droites très vallonnées me
dépriment ! Je mange et fait une sieste dans un pré, à l’ombre, pour me
refaire une santé ! Le moral est en baisse et je crains vraiment le
soleil, brûlant ! Je n’arrive pas à avancer, collé à la route…
Je passe Condom dans l’après midi, désert ce dimanche. Je ne
suis pas partisan des photos dans les églises, mais pour une fois, elle est vraiment
magnifique !
Un peu déçu par le bled qu’on m’avait vendu magnifique…
Arrivée à Larresingle, qu’on nomme la Carcasonne du Gers, en
fin d’après midi. C’est dur, je souffre sous le soleil, et les touristes,
parfois, peut être un peu atteints par la cahleur dans leur voiture ou au
contraire la clim’ réglée trop froide, ou les excès du midi, ne sont pas bien
sympas et fins ; enfin peut être que la fatigue me porte sur le moral…
Montréal du Gers, beau ! Je me mouille entièrement tant
j’ai chaud, dans un coin d’ombre du cimetière accueillant…
A 19h, après 65km, je me pose dans un bois en bordure de
champs, au frais, peinard. Seulement je reçois un texto de ma conjointe à 20h
qui me dit qu’on annonce la pluie pour la nuit. Bizarre, il fait grand
beau : tant pis, je suis installé, je monte la bâche. Une heure plus tard,
grosse pluie. Elle dure toute la nuit, et ruisselle des troncs d’arbre sur mes
sangles malgré mes précautions, et le hamac commence à être humide, vers 3h… Je
me dépatouille et met le pellerine entre le sac de couchage et le hamac, et
dors super bien, jusqu’à 8h30, au sec… Il pleut encore des cordes, et je ne me
sens pas de rouler là-dessous, d’autant plus que je n’ai pas de garde boue et
que mon pneu arrière est le champion du foutage d’eau dans les godasses et sur
les mollets(A ce sujet, pompes de trail en gore tex et chaussettes en
synthétiques, ça sèche en moins de deux heures, le pied !) !
Je traine, me fais un petit feu, mange… Je ne démarre
qu’après 14h. J’apprendrai plus tard par d’autres randonneurs que la pluie que
j’ai eu n’était que très locale, ce dont je me doutais vu l’état des routes….
Une demi journée de perdue ! Mais je repars en forme et je roule vraiment
bien cette après midi !
Eauze :
Je fais 42 bornes en 2h10, tranquillement, ça me donne le
moral, je prends plaisir à rouler, les routes sont agréables. Arrivée à Aire
sur l’Adour en fin d’après midi, avec une belle bosse à la sortie.
Suivent de grands chemins plats super agréables, fini le
Gers (très difficile j’ai trouvé !), bonjours les Landes ! Je
bivouaque dans une pinède très agréable, près de palombières, vers 20h après
55km.
Je me tiens au chemin le lendemain matin, pour rapidement
m’en détacher : trop de détours inutiles pour le trottineur, et trop de
soucis avec mon pneu lisse, je ne prends pas plaisir en tout terrain. Ca
devient très vallonné, ça me plait ! Il fait très très chaud et le soleil me brûle : je n’ai
pas pris de gants de vélo et j’ai les mains cramées ; le nez aussi, car le
chapeau, avec le vent, se plie !!! Je souffre, mais avancer, encore et
encore, en trot’, ça efface la difficulté !
En début d’après midi je roule avec un groupe d’une
quinzaine de vttistes allemands croisés le matin. Ca m’aide bien, c’est
convivial ! Visite de Morlanne, qui ne se trouve pas sur le chemin, mais
qui vaut le détour.
A l’arrivée à Arthez de Béarn, je retrouve les Allemands qui
m’avaient redoublés alors que je ravitaillais en eau dans un cimetière. Je suis
surpris alors qu’ils m’acclament à l’arrivée en haut de la grosse côte à
l’entrée du bled. Ca fait drôlement plaisir ! Faut dire qu’avec la fatigue
et la chaleur, je dois faire pitié !!! Je me rends compte avec grand
étonnement qu’au final, j’ai, depuis le matin, avancé plus vite qu’eux… Mais
surement pas à effort équivalent, ni même avec les même arrêts : c’est dur
la trot’ !
Très longue descente après Arthez, et je me perds un peu
ensuite. Grosse chaleur encore en fin d’après midi. Pour supporter je mouille
complètement mon tshirt et mon chapeau, qui sèchent en moins d’une demie
heure ! Après Sauvelade et son abbaye, des montées terribles, très
pentues…
Je bivouaque sur le plateau avant Navarrenx, dans un bois
entre deux champs, à 19h30, après 83km.
Remarque sur ces
bivouacs : les agriculteurs bossent très tard et très tôt, et on a
toujours peur de se faire virer, il y a toujours un chien qui aboie tout près
et qui semble vouloir venir nous croquer, et les chevreuils sont présents partout,
et l’idée de se faire piétiner en pleine nuit et leur cris font peur… Sans
compter sur toutes les bêbettes qui font du bruit la nuit, la pleine lune qui
éclaire les bois d’une lumière blafarde, les moustiques et les tiques… Pas
toujours facile !!!
Départ à 8h30, avec vue sur les Pyrénnées toutes proches, je
touche au but, et ce sera ma dernière journée avant St Jean Pied de Port. Le
lendemain est annoncé pluvieux et, au fil de la journée, l’idée de rejoindre en
trot’ la mer le lendemain s’efface. J’ai en outre la sensation d’être fatigué
physiquement, usé. J’ai peu roulé cette année, plus les bivouacs peu reposant
et le climat… Pis c’est les vacances, aussi !!!
Je quitte petit à petit le Béarn et ses belles
maisons :
J’entre en pays basque… La route est magnifique, avec les
maisons typiques et la vue sur les montagnes, Luis Mariano dans la tête !
Je passe par St Palais pour rester sur la route. Puis je
retrouve le chemin pour me rendre à Gibraltar, sur la stèle à la croisée des
trois chemins. Le chemins est difficile (Sur la photo, Jacques, que j’ai
croisé à St palais et qui fait le chemin depuis Le Puy, avec qui je finirai la
journée).
Vers midi, juste après Gibraltar, la montée vers la chapelle
est un calvaire : je brûle, je m’arrête tous les dix pas !
Mais bien récompensé une fois en haut !
Après le repas, je
poursuis moitié sur le chemin moitié sur la route : le gite est
réservé pour le soir et je suis serein ; Puis je retrouve Jacques et nous
terminons ensemble. Heureusement car seul je n’avançais plus, comme épuisé ou
abattu par la chaleur. A deux, les montées passent toutes seules, et c’est bien
agréable de discuter, sur fond de paysages montagneux…
Arrivée émue à St Jean Pied de Port, devant la porte St Jacques:
Pas au bout de nos peines car, surprise, le gîte est à la
sortie du village, en haut d’une énorme côte ! Mais, après 79km en ce qui
me concerne, nous sommes récompensés car
il est très bien, tout neuf avec vue sur la montagne ! Une belle soirée
conviviale pour finir !
Le lendemain, comme prévue, pluie (ah ! je les ai
maudits les gars du sud ouest qui nous vantent leur météo à longueur de temps !),
donc train vers Bayonne, visite éclair, puis après midi peinard à Biarritz.
Voilà ! Une bien belle ballade, bien que moins sympa
que le tronçon Le Puy Figeac et variantes. Peu de chemin, je dirais moins d’un
quart, car mal équipé en pneu, et l’envie d’avancer sans détour (le chemin en
fait trop pour éviter les routes). Si je ne compte pas la matinée perdue sous
la pluie, j’ai fait en moyenne 80 bornes par jour, soient 505km… CONTENT !