Bon, ça y est, je suis remis de mes émotions, et surtout plus disponible après la fin du déblocage
intestinal des quelques jours loin de mes lunettes préférées!
L'idée me trottait (!) l'année dernière, mais une semaine de halage seul, bof! Alors l'opportunité de le faire avec d'autres trot' est géniale. Seulement voilà, d'une part je suis un ours, et en plus, ce que nous proposent Franck et Bernard, c'est costaud!
J'avais dans l'idée à la base de réellement me taper Brest/Nantes, mais le choix d'un long week end
me fait tomber dans les banales dates favorites de poses de jours de congés, loin du décalage habituel. Ainsi, je prévois Brest/Redon, ou Chateaulin/Nantes.
Ce sera finalement Port Launay/Redon, Soit le tout début (ou la fin selon son nom) du canal, jusqu'à la croisée des chemins, à Redon, là où il rencontre la Vilaine (et ouais, elle m'a fait fuir!). Port Launay parce que j'ai la flemme de partir en trot' depuis Brest, et aussi que je l'ai déjà fait, puis qu'il y a des longues étapes derrière et que je ne sais rien de ma condition physique, donc trouille!
Voyage en train assez peinard (la Kickbike démontée, sans ses roues donc, passe vraiment partout, RER
blindé, métro, tgv, ter... Sans jamais aucun problème, si ce n'est enfourner le billet lorsque les deux mains sont prises!!!) et une chouette rencontre: www.aillet.com.
J'arrive à Port Launay après être descendu à Pont de Buis et poussé un peu, en début de soirée,
sous un doux soleil. Très joli coin, une bonne descente après de chouettes points de vue pour y arriver. Port Launay suit la première ecluse du canal. Notre camping étant plus en aval, je décide d'aller la voir, et de continuer un peu plus loin même le long de l'Aulne pour gagner du temps sur les copains de ballade le lendemain, sachant que je serais surement plus lent.
Port Launay est un bassin, avant le canal, destiné à accueillir les gros bateaux venant de la mer.
Puis je rejoins le camping, et y fait la connaissance de Dominique (nous arrivons en même temps): il vient de se faire 220 bornes pour venir, en vtt! Puis nous rejoignent Franck, qui assure l'organisation, Nadine et Odile (nos deux Mamans sur le chemins, mais ça je le ressentirais un peu plus tard) et Olivier (le fils de Nadine), Mathieu (le fils de Dominique) Christian et Vincent, qui feront le chemin en vtt.
Ainsi je serai seul trottineur pour la première étape.
Briefing apéro dodo... Enfin presque, parce qu'à trois dans une tente de trois, pris entre Vincent et
Christian, je ne dors pas, Vincent non plus, gêné par les bruits de la nature (et oui, pas facile de dormir dehors! Moi, c'est bouchons!). Au levé, j'ai des crampes aux guibolles! Ca promet! Nuit de m...!
Les vttistes démarrent en allant à Port Launay tandis qu'Olivier a gentiment proposé de m'accompagner.
Ainsi nous prenons de l'avance car ils rouleront surement bien plus vite que nous.
Il tombe quelques grosses gouttes éparses, un peu de vent, frais. Nous faisons connaissance avec
Olivier, et mon 17 18 lui convient bien. Les km passent agréablement, et notre conversation, petite bulle mouvante sur le halage, quelquefois troublée par la beauté de l'environnement, est bien agréable.
Premier ravito, nous ne sommes, à notre grande surprise, pas rejoints. C'est avec grand réconfort (et ce sera le cas à chaque fois, une sorte d'émotion, d'étincelle) que nous voyons au loin les deux camionnettes, puis se distinguer Nadine, Odile et Franck. Quelques mots, une part de 4/4, et nous repartons dans notre bulle. La météo est difficile, mais finalement agréable dans l'effort. Il ne faut pas s'arrêter, nous avançons, traçons la route, aspirés par le chemin.
Cette sensation ne me quittera pas
pendant tout le parcours. Avancer, le halage, le canal à côté. Peu de photo, peu de halte dans les villes et villages. Une sorte de convoi changeant au gré des binômes se formant puis se quittant selon les conversations, les sensations... Une sorte de caravane...
Pas de destination, le chemin, avancer, pousser. Une micro société qui se crée, pleins de petites bulles!
Nous arrivons avant les vttistes à Chateauneuf pour la pause repas.
La petite étincelle:
Du temps pour discuter, avec les gens qui passent par là, avec Franck, autour d'un verre, au chaud.
Dehors, un peu de grêle, puis nos vttistes arrivent avec le soleil.
Grimpette à Chateauneuf après manger:
Ils me laissent devant les bougres! Je pousse, je pousse, tout fièrôt, le trottineur devant les vélos!
Dominique, pas très bien, mal au ventre, est parti tranquillement devant avec Mathieu. Comme ça, ils
nous prendrons en photo en faisant l'élastique.
Les autres restent gentiment avec moi tout l'après midi, prenant même le vent pour moi! Je roule peinard, on file entre 18 et 20, on discute, on profite du soleil! La complicité s'installe.
Christian, Vincent, et Olivier.
Franck nous rejoint pour les derniers km (un peu plus de 75 aujourd'hui), je suis ravi de rouler avec lui!
Déjà, vers 16h je crois, l'arrivée au gîte de Port de Carhaix. Du coup sieste!... Courte parce que les
cyclistes affluent, un poil bruyants... Du coup...apéro!
Arrive alors du renfort trottinestique!
Marie France et Serge, ainsi que Robert, un ami. Nous faisons connaissance devant un bon plat de pâtes préparées par Nadine. Puis un bon gros dodo bien réparateur! L'étape du lendemain me tracasse!
Plus de 100 bornes de halage, temps incertain, pas d'entrainement.
Enfin, aujourd'hui c'était super, c'est déjà ça!
Je me lève en forme, pas mal aux pattes, étonné de ça!
Zou, ça bruine, mais ça ira comme ça!
Marie France nous accompagne. Ca part fort, on tiens les 20. Il faut calmer les vélos.
En plus d'être longue, l'étape d'aujourd'hui réserve des difficultés. La bruine, des coups de culs
permanents pour passer les ecluses, une belle bosse, de longs faux plats, sur un revêtement gras et cahotique (hier, beaucoup de goudron).
Au premier ravito, Robert nous rejoint, sur la belle Kickbike à grandes roues, adaptée par Serge:
C'est une étape « pélerinage » pour moi. Aujourd'hui nous traversons toute la région où j'ai
travaillé, cinq années, et passé pas mal de vacances. Je suis un peu ému!
Le centre Bretagne « Kreiz Breizh » égale à lui même, magnifique, sous un ciel chargé.
Nous passons Glomel, et la montée de ses innombrables écluses. C'est ici que se partagent les eaux, depuis un lac, vers chaque côté du canal.
Vers Rostrenen, ancien chez moi:
Visite de Gouarec, puis pique nique à l'Abbaye de Bon Repos, sous la pluie.
Il fait froid, nous ne trainons pas.
Les vélos sont devant, Serge a remplacé Robert. Nous grimpons ainsi Marie France Serge et moi vers l'ancienne voie de chemin de fer, pour contourner le lac de Guerlédan. C'est la construction du barrage qui a signé l'arrêt de mort du canal, coupant le réseau fluvial de la Bretagne en deux. Donc plus de halage, enfoui sous les eaux!
Nous voici donc, après la côte, sur l'ancienne ligne « Carhaix-Loudéac ». Dom et Matthieu
nous ont rejoints, et nous roulons tranquilles, en digestion, sur ce long faux plat montant. Franck nous attend à l'endroit où il faut tourner pour rejoindre le canal. Et! Les vélos partis devant sont là
où nous avons mangé! Ils se sont trompés sur la voie verte!!!
Marrant pour nous, mais eux.... Du coup nous avons de l'avance. Nous retrouvons le halage, vent de face et bruine! Dom et Mathieu roulent devant, et nous attendent lors de leur poses. Nous croisons les
vestiges de l'industrie morbihanaise:
Peu avant Pontivy, 80 bornes dans les pattes, je me retrouve seul, pour la première fois. Serge et Marie
France en amoureux derrière, dom et Mathieu devant, et les rois de l'orientation??? Petit coup de mou, plus psychologique que physique.
Le temps se lève un peu, mais le revêtement est pourri, je suis las. A l'entrée de Pontivy j'attends Serge et Marie, et ça va mieux:
Le château des Rohans.
On rechange de compagnon pour récupérer Robert, Serge troquant trot' contre voiture. Un énorme bout de gateau et une belle étincelle à Pontivy pour moi, de quoi m'assurer une fin d'étape douce et joyeuse!
Joyeuse, le mot est juste, car c'est Jean Pierre Le Cam (dit La Camme rapport à ce qu'il a dans son bidon!!!) que l'on oit arriver à notre rencontre à la sortie de Pontivy.
Nous voici donc 4 trot', et le dynamisme, les blagues et la bonne humeur de Jean Pierre nous donnent
des ailes! Bon, à son passage les bars ferment, si bien que lorsqu'on y arrive la bave coulante...!
Sur le canal 8 écluses parfois!
Chapeau les constructeurs, et patience les bateliers!
Avant Rohan les vélos nous rejoignent, nous sommes content de nous retrouver pour quelques km. Ca discute, ça se tire un peu la bourre, nous sommes content d'arriver. Pas loin de 110 bornes pour nous, et 130 pour eux après leurs détours...
Installation au camping, douche, longue, apéro, puis super soirée au resto. La convivialité est là,
nous sommes heureux d'être là, ensemble, et le vin coule à flot!
Gilles nous rejoint pendant le repas. Il arrive en trot', chargé, de Pontivy, à la nuit tombante. Pas facile de venir de Paris jusque là, mais quand on le veut vraiment...
Je m'installe avec Dom, Mathieu et Robert, dans le local du camping, ce qui nous assure une nuit
reposante.
Le matin, attention, Jean Pierre nous a envoyé une journaliste, alors c'est sous les petits oiseaux des
appareils photos que nous attaquons.
Je suis triste, car j'entame mon dernier jour, déjà. 110 bornes au programme pour l'étape, 90 pour
moi qui arrête à Redon. Le temps est gris clair, et, comme la veille, on attaque sévère avec les vélos, Marie France et moi pour le moment.
Après le premier ravito, ils accélèrent, je ne les reverrais plus que quelques secondes à Josselin, mais ça je ne le sais pas encore...
Me revoici donc avec Marie France en grande discussion, plus à mon rythme qu'au sien (elle trace!),
Gilles nous rejoignant aux arrêts.
Arrive Josselin, pour moi la plus belle ville traversée par le canal:
Nous prenons le temps de visiter malgré l'heure tardive (la pause déjeuner est prévue 25km plus
loin et il est déjà 11H30): les vélos partent devant. Tchao les gars! Je pensais les revoir le midi, mais vu notre décalage et les conditions météo qui ont suivi, ils n'ont pas pu nous attendre, ils
seraient morts de froid!
Josselin:
Dans Josselin, surprise, Jean Pierre nous double en camionette! Et, resurprise, en bas du bled.... Merline
et Chris, son conjoint!!! Génial! Elle est déjà sur sa trot' et nous quittons Josselin accompagnés de Marie et Gilles.
Marie, rapide, ne reste pas longtemps avec nous, d'autant plus qu'il pleut maintenant. Elle file rejoindre
son bienaimé à la pause repas.
Merline Gilles et moi, on piplette peinard sous la flotte! Arrivée au Roc St Andrée, ça mouille et
j'ai la dalle!
Puis Malestroit, sous la vraie pluie qui ne mouille plus que les cons... Et là, comme prévu, je vois au
loin la belle crinière blanche de Bernard. Je suis heureux de le voir, je tombe dans ses bras pour une grosse bise. Je le félicite, je sais qu'il vient de faire un truc énorme. Il n'était pas avec nous comme prévu pour organiser et rouler, mais c'est pardonné!
On déjeune au sec dans une écluse.
Alors Bernard vient rouler, malgré l'épuisement de son périple, avec nous! Quelle joie de démarrer
cette après midi sous la flotte, de voir Bernard sur sa trot' avec Richard Cocciante à fond les ballons, trop marrant! Et toujours avec Merline, pardon, Isa, et Gilles.
Quelques bornes encore et Merline retrouve Chris pour une pause bien méritée! Bravo, t'as bien roulé!
Surtout avec la pluie, le revêtement nous scotche, c'est dur!
On continue à trois, de longues lignes droites épuisantes, sous la pluie!
Bernard accuse un peu le coup, mais en grand balèze, endurant et fort dans sa tête, ça roule toujours!
On se paye une bonne pause sur le site de l'ile aux pies. Moi je sais que j'aurais mon train, eux qu'ils
vont rouler tard pour arriver à destination. Mais ils sont forts, déterminés, j'admire!
Je n'ai pas envie d'arriver. Mais Redon approche petit à petit, et le temps s'accélère. A Redon nous attendent Franck, Nadine, Isa et Chris. C'est le moment, triste, des aux revoirs! Bernard et Gilles se requinquent, quis filent vers les 20 bornes qu'ils leurs restent à accomplir.
Quelques bises et de réconfortants projets, puis je me retrouve très vite dans le train du retour.
Un peu moins de 280 bornes (celles de la signatures du profil de Franck) parcourus en trois jours, et l'envie que ça ne s'arrête jamais, de pousser toujours.
L'euphorie retombe et laisse place à une douce fatigue. Toutes les étincelles ont allumé la flamme de l'amitié, les yeux brillent de pleins d'images!
Heureux, le mec!
Merci à tous!
Merci le canal!
Pardon je ne me suis pas relu, comme d'hab.... Merci à ceux qui lisent!