Bon les mecs, il va falloir calmer vos ardeurs concernant les « temps »
de Millau.
D’abord sur le plan purement perf, ceux qui ne l’ont jamais faite
ne s’imagine pas la difficulté de cette course. Ne raisonnez pas
distance !! Le dénivelé, la manière dont il est réparti, le plus gros
étant vers la fin là où physiquement c’est déjà difficile. Les
multiples « coups-de-cul » du marathon qui n’est pas plat du tout et
qui t’épuisent. Les descentes où on croit se reposer mais en fait pas
du tout !! Tenir la machine à 60 Km/h pendant 10 minutes n’est pas de
tout repos. Les passages où il est impossible de pousser de par le
pourcentage de la pente… Je rajoute à ça la météo. A cet endroit on peut
être une année à 40° sous un soleil de plomb ou à 8° sous des trombes
d’eaux glaciales. Dans les deux cas ta perf tu l’oublie. Mes
temps respectifs sont de 8h20’, 7h33’, 7h50’, 7h04’ avec le même
type d’entraînement. J’y ais souffert le martyr une année, m’y
suis baladé l’année d’après. J’y ai eu froid et trop chaud.
Aucune année ne ressemble à une autre. Il est impossible de planifier
quoi que ce soit. Trop de paramètres entrent en jeux dans cette épreuve.
Prévoyez simplement de finir en état. Ce sera une victoire. Ce qu’a
réalisé Luc l’an dernier est un « temps » hallucinant qui
probablement ne pourra pas être battu avant longtemps même par lui.
Cette année là d’ailleurs, tout le monde a battu son record perso. La
météo était avec nous.
Et puis n’oublions pas la raison d’être de notre présence dans
cette course. Cette raison d’être qui fait que nous sommes acceptés.
Pas de dossards, pas de prise de temps officielle, bref, pas de « course
». C’est pour ça qu’à Millau nous n’aurons jamais de puces, ni de
catégories, ni de dossards et c’est très bien.
Le gagnant (à pied) de cette course ne gagne rien. Pas un Euro !! Juste
le titre de gagnant de cette course. Il n’y a aucun enjeu si ce
n’est se retrouver face à soit même.
Il ne faut pas qu’on se transforme en tueur de temps, en vampire du
chrono qui fonce tête baissée. Nous devons rester dans l’esprit de la
Rando sportive. Même si on s’amuse à jouer à la course si l’envie
nous y prend. Même si y’en a un ou deux qui veulent « s’arsouiller
», il ne faut pas que cela devienne la règle. Ils doivent rester une
exception. L’esprit de départ c’est le mien et celui de Thierry. On
se lâche, on s’attend si besoin dans les difficultés. On fait la
course par moment certes, mais si il y en a un qui craque et qui a
besoin d’aide, les autres sont là et on s’arrête s’il le faut. Si
l’un des deux ou trois « missiles » de tête de course crêve ou casse
un truc, les autres s’arrêtent, ils réparent ensemble et reprennent
leur « arsouille ». C’est cet esprit là qu’il faut garder. Le chacun
pour soit est à bannir.
Ca me rappelle notre premier Millau avec Thierry où s’on s’est
doublé, redoublé, lâché, rattrapé pendant toute la course. On s’est
arrêté au Km 99 et là, on s’est dit que le meilleur gagne. Chacun pour
soit sur le dernier Kilomètre. Départ arrêté, on a lâché les watts.
Thierry est passé devant, je n’ai pas réussit à le rattraper. Quelques
mètres avant l’arrivée, il a ralentit afin que nous passions la ligne
ensemble. C’est un peu ça l’esprit « Millau ».
Si j’apprends qu’un trotteur est passé à fond devant un autre qui
as besoin d’aide sans s’arrêter, il ne remettra plus jamais les
pieds à Millau, ni dans l’Aveyron et les départements limitrophes même
pour les vacances !!
Alors oui on va se faire un classement, oui on va regarder nos temps
(que nous aurons pris nous même), mais ça n’aura de valeur que ce
qu’on veut bien lui donner. Pas grand chose en fait, et c’est
très bien.